Secret Story

Légende vivante… Bien souvent, cette appellation sert de paravent pour veiller une époque révolue, un âge d’or terni, des artistes cacochymes ou je ne sais quel Hibernatus mal décongelé. Avec les Nits, il n’en est rien. Depuis leur rencontre dans une école d’art d’Amsterdam, ces Hollandais conservent cette malice qui fait pétiller leur pop. Avec un nom un peu provo : « les lentes », ils se sont rapidement révélés plus symbiotes que parasites. Trop vite raccrochés à la mouvance post-wave auprès de groupes comme XTC ou Talking Heads, les Nits n’ont eu de cesse de se réinventer. Surtout, ils ont participé à libérer la pop de ses carcans stylistiques. Cette démarche artistique leur a souvent valu de flatteuses comparaisons avec des artistes non-alignés comme les Beatles, les Kinks, Bob Dylan ou Elvis Costello.

Mais le succès planétaire n’est jamais venu malgré les critiques à genoux et une internationale de fans fervents mais discrets. La faute sans doute au fait d’être Hollandais dans une industrie culturelle qui a longtemps privilégié les Anglo-Saxons, mais aussi à la volonté des Nits de creuser différents filons artistiques, quitte à délivrer des pépites non calibrées pour le marché. On saura gré aux Nits d’avoir grandement contribué à l’émergence et la reconnaissance d’une scène rock européenne continentale. Si singuliers, les Nits n’ont pourtant jamais cherché à créer de scène ou de mouvement comme ce fut le cas avec le krautrock en Allemagne par exemple. Autonomes, les Nits préfèrent générer et maîtriser leur univers, que ce soit à bord d’une discographie irréprochable ou dans la conception de leurs propres décors scéniques. À dominante pop/rock, leur musique s’ornemente de folk, d’électro et de quelques emprunts aux répertoires populaire et classique. Bien que confidentiels, les Nits sont pourtant très accessibles pour qui apprécie la pop et les chemins de traverses.