Sortir : Ça fait quel effet de se retrouver dans la peau de la réalisatrice ?
Mélanie Laurent :
C'est une envie de longue date, inconsciente je pense, l'envie de mettre en scène plein de choses, tout ça depuis toute petite. Mais pour la concrétiser, ça a demandé une longue phase d'écriture, pendant différents tournages, le besoin ensuite de faire reposer le scénario, pas encore mature, pour prendre du recul, observer pas mal de réalisateurs... en même temps, avec des Roselyne Bosch ou des Quentin Tarantino, j'avais de quoi apprendre. Avant ça, j'avais fait aussi des courts-métrages que j'avais pas trouvé bon, du coup ça me rassurait pas vraiment par rapport à la mise en scène. Pour le film, j'avais une idée précise en tête, même si je ne savais pas trop si j'allais avoir une "vision"... je l'ai découverte au premier jour du tournage et c'est resté jusqu'au bout : je fais tout inconsciemment, sinon ça met trop de pression.

Sortir : Et l'histoire, le choix des acteurs ?
M. Laurent :
L'histoire s'est imposée d'elle-même : faire un film de femmes. Après, je me suis dit  que ce serait bien d'y inclure un homme qui chamboule tout. Derrière, c'est histoire de construction, mais en résumé, réaliser un film, c'est passer son temps à convaincre les gens impliqués autour, se battre pour des idées et assumer chaque point de vue en permanence. Côté distribution, j'ai besoin d'avoir des acteurs pour qui le film est important, qui ne soit pas un film de plus. J'en avais choisi un en particulier pour interpréter Alex, mais c'était son quatrième film sur le moment, donc j'ai senti que ça ne le ferait pas. Autre exemple, pour le petit garçon, c'était le deuxième à passer au casting : il arrive plein d'aplomb, me lance "on peut faire la scène ?" et me reprend sur mon texte... Après lui, j'ai arrêté le casting : ce premier coup de bol, ça a donné le ton du tournage et derrière, ç'a été magique.

Sortir : Le couple du film, il est à l'image de la femme que vous êtes dans la vie ?
M. Laurent :
Moi en couple, je suis une grande amoureuse... d'ailleurs j'emménage dans la semaine. J'ai mes parents, comme mes grands-parents, toujours ensemble et qui ne peuvent pas vivre l'un sans l'autre : j'ai cette image de coup de foudre, qui fait que derrière, on passe 30 ans avec la même personne. J'ai grandi et je vis dans une famille unie, à l'inverse d'ailleurs de toutes mes copines du collège et du lycée : j'étais le pilier pour toutes celles qui venaient à la maison et qui voyait comment ça se passait. Une mère seule qui élève ses enfants, ça m'est totalement étranger.